Point Conjoncturel, spécial Coronavirus : « Une récession inévitable : quelle en sera la gravité ? »

Point Conjoncturel, spécial Coronavirus : « Une récession inévitable : quelle en sera la gravité ? »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 91% des employeurs et 96% des indépendants voient leur activité impactée par le Coronavirus ! Plus inquiétant encore : 73% des entreprises et 87% des indépendants ont des problèmes de trésorerie! Et très peu rassurant : 42% des entreprises et 57% des indépendants signalent déjà des problèmes de solvabilité! La situation est donc catastrophique et inédite. Un seul enjeu économique majeur à ce stade : permettre à un maximum d’entreprises de survivre à la crise ! Le rôle des pouvoirs publics est et sera donc crucial…

La crise sanitaire du Coronavirus touche désormais une très grande majorité des pays de la planète. Portée par la mobilisation et la générosité spontanée de ses membres, « l’UWE tient à remercier les entreprises et bien entendu tous ceux et celles qui continuent à participer aux services de soins et aux services à la population ainsi qu’aux chaînes de production et d’approvisionnement. Ils jouent un rôle essentiel », comme ne manque pas de le souligner Jacques Crahay, président de l’UWE.

Le choc économique est et sera extrêmement violent. Les chiffres sont imparables : la Wallonie ne sera pas épargnée et doit se préparer à une récession. Pour Olivier de Wasseige, « les résultats de notre enquête auprès des chefs d’entreprises wallons montrent des niveaux d’inquiétude inédits. Les réponses des autorités devront être à la hauteur, au risque de voir un cataclysme économique succéder à la crise sanitaire. Outre la politique de soutien actuellement menée, la Wallonie aura besoin d’une vraie politique de relance dotée de moyens conséquents ! »

Choc globalisé

La pandémie du coronavirus a déjà comprimé l’offre et la demande. Les fermetures interrompent la plupart des chaînes de valeur. La suite du scénario semble déjà écrite : de nombreux ménages et entreprises risquent d’être bientôt à court de liquidités. Il est probable que la demande des consommateurs s’affaiblisse davantage et qu’un nombre significatif d’entreprises fassent faillite. Une récession généralisée avec un effondrement de la demande et de l’activité économique s’annonce donc à moyen terme.

Avec les éléments actuels en notre connaissance et dans l’hypothèse d’un confinement d’une durée limitée, la croissance mondiale sera faible et devrait être proche des 0% pour 2020 (alors que 2,9% étaient attendu au début de l’année par le FMI). La zone euro, qui est à l’heure actuelle l’épicentre de la crise sanitaire, sera fortement impactée et sa croissance pour cette année devrait être fortement négative.

Les entrepreneurs wallons extrêmement pessimistes

Pour Olivier de Wasseige, « les résultats de notre enquête menée auprès des chefs d’entreprises et indépendants wallons ne laissent aucun doute. La Wallonie connaîtra une récession en 2020. Nos indicateurs d’enquête suggèrent que cette récession sera significative et générale. Significative, car les principaux acteurs économiques, c’est-à-dire les entreprises et les ménages, sont directement touchés par cette crise sanitaire. Nos quatre grands indicateurs (activité, investissement, embauche et exportation) ont atteint leur niveau le plus bas depuis la création de notre enquête, en 2003. Et ce, dans un contexte où les indices de confiance s’écroulent et la consommation privée décline. Nous nous attendons dès lors à une croissance de -1% à -3% pour la Wallonie en 2020. Ce scénario pourrait se dégrader au regard de la durée de la crise sanitaire et du confinement (et atteindre une croissance de -5%) ».

La priorité actuelle des gouvernements est de préserver la santé des citoyens et d’assurer la survie des entreprises

Les gouvernements fédéral et régionaux semblent avoir pris la mesure de la situation. L’important est d’avoir une stratégie claire et d’assurer la coordination des mesures fédérales, régionales et locales. La Wallonie s’est déjà dotée d’une enveloppe de 350 millions d’euros pour compenser la perte de revenu. D’autres mesures ont été prises par l’intermédiaire de ses outils financiers et soulageront les entreprises en mal de trésorerie. Pour Jacques Crahay et Olivier de Wasseige, « deux défis majeurs doivent être relevés à court terme par les autorités wallonnes, avec l’aide de tous les citoyens : d’une part, prévenir un maximum de faillites d’entreprises saines mais à court de liquidités, et, d’autre part, assurer la poursuite l’activité économique, en particulier dans les secteurs essentiels, dans le respect des consignes de sécurité ».

Une fois la crise de sanitaire maîtrisée, l’Europe, la Belgique et la Wallonie devront se doter de plans de relance d’une ampleur exceptionnelle !

Bien entendu, le sort de l’économie wallonne dépendra en grande partie des mesures budgétaires et monétaires prises par l’Europe, la BCE et le Fédéral. Les banques centrales ont déjà sorti l’artillerie lourde : la Fed a réduit ses taux à zéro. La BCE a quant à elle lancé un nouveau programme d’achat d’obligations de 750 milliards d’euros, ce qui représente 6,3% du PIB de la zone euro, afin de stabiliser les marchés et le système financier.

Néanmoins, le Gouvernement wallon, à son échelle, a son rôle à jouer. Pour Olivier de Wasseige, « la Wallonie doit rapidement annoncer et mettre en place un plan de relance avec des moyens exceptionnels. Il sera en effet primordial de relancer, dès la fin de la crise sanitaire, l’économie wallonne afin d’éviter des dommages durables, non seulement économiques mais aussi sociaux. Le plan de relance pourra s’articuler autour de la triple transition retenue dans la déclaration de politique régionale, mais devra impérativement se focaliser en priorité sur des investissements structurants centrés sur l’entreprise et sur la politique industrielle. Cette crise a montré l’importance de garder une industrie forte sur son territoire ». C’est en effet une évidence pour l’UWE : les entrepreneurs seront le moteur de la relance économique pour la Wallonie et ses habitants.

Le « Point conjoncturel » paraît deux fois par an. Il synthétise les dernières évolutions conjoncturelles de l’économie wallonne, replacées dans le contexte international. Des données statistiques confrontées au terrain, puisqu’elles sont étayées par une enquête menée auprès des entreprises wallonnes.

Le « Point conjoncturel » n°36 (10 pages) est disponible au format PDF ci-contre
(volet « Documents joints » à droite) ou via www.uwe.be/point-conjoncturel

A propos de l'auteur

Benoît MINET

Marketing & Partnership Manager