35 mesures de court terme en préparation d’un Plan de Redéploiement

Agir dès maintenant

Le tissu économique régional a subi et subit encore de plein fouet une crise sans précédent. Des mesures ont été prises par les autorités régionale et fédérale pour limiter tant que faire se peut les impacts conséquents de la pandémie sur les activités des entrepreneurs et l’emploi de leur personnel. Tout le monde sait toutefois que ces mesures ne suffiront pas et que les dégâts du virus seront hélas durables pour de nombreuses entreprises et l’emploi de nombreux travailleurs.

L’Union Wallonne des Entreprises (UWE) soutient depuis longtemps l’impérieuse nécessité de vastes réformes en Wallonie afin que notre région puisse redevenir une région performante, attractive, fière de son tissu socio-économique et de ses institutions, où il fait bon vivre et où l’on répond aux grands défis de notre temps de manière constructive, en étant convaincu que l’on peut être volontaire en la matière tout en assurant un climat économique porteur et profitable.

Pour l’UWE, la crise n’a pas mis ce besoin de côté, bien au contraire. Elle l’a accentué et rendu plus nécessaire que jamais.

Ces réformes structurelles doivent être engagées via un vaste Plan de Redéploiement auquel l’UWE apportera sa contribution à la rentrée de septembre sous forme de recommandations issues du monde patronal wallon, compilées à la suite d’un important travail d’analyse et de formulation de mesures ayant mobilisé un nombre conséquent d’entrepreneurs.

D’ici là, la Wallonie ne peut attendre. De nouvelles mesures doivent être lancées, amorcées, décrétées, mises en œuvre…dans les prochains jours, prochaines semaines. Ces mesures doivent soutenir la relance de notre économie marchande et mettre la région sur les rails de son redéploiement.

Les mesures présentées ici par l’UWE ne constituent pas un Plan mais un faisceau de leviers pouvant être activés à court terme, et devant assurer et poursuivre la remise en marche de notre tissu économique régional au bénéfice de ses entrepreneurs, des travailleurs et de l’ensemble de la société wallonne.


1. Financement des entreprises et allègement des charges

Renforcer l’action des outils financiers régionaux

Nombre d’entreprises ont dû s’endetter pendant le confinement (et bon nombre continuent à le faire) pour pallier à leurs problèmes de liquidités. Leur situation financière restera globalement précaire dans les prochains mois et années, nécessitant un maintien et un renforcement des moyens d’action des outils financiers régionaux, en prenant soin d’objectiver la viabilité financière à long terme des entreprises soutenues, de même que leur positionnement par rapport à la stratégie de spécialisation régionale, lors de l’examen des dossiers.

  • Un renforcement des mécanismes de garantie et des moyens mis à disposition des Invests régionaux par la Sowalfin, un allongement dans le temps (3 à 6 ans comme dans les pays voisins) des échéances, garanties et refinancement, une plus grande souplesse au niveau des exigences de la SOGEPA en termes de collatéraux ainsi que des interventions en prêts subordonnés seront nécessaires.

Mobiliser l’épargne des Wallons

Pour faire face aux problèmes de solvabilité que rencontrent ou vont rencontrer les entreprises de la région, une recapitalisation ou des prêts (subordonnés) financés par la mobilisation de l’épargne des Wallons seraient intéressants.

  • Ce mécanisme pourrait être envisagé dans le cadre d’une défiscalisation partielle ou via un système de garantie du capital investi. Les Invests régionaux pourraient jouer un rôle dans la sélection et le traitement des dossiers, avec pour objectif de financer des entreprises ayant un potentiel économique à long terme ou rentrant dans le cadre de la stratégie de spécialisation intelligente de la Région.

Assurer la reprise de la chaine de paiement

Face aux incertitudes, nombre d’entreprises ont affiché une certaine prudence quant aux paiements de leurs fournisseurs. Une remise en route rapide des chaines de paiement est une véritable nécessité.

  • Comme le proposait récemment Graydon[1], accorder un crédit d’impôt aux entreprises qui allongent les délais de paiement à leurs clients (professionnels) pourrait permettre de relancer et de fluidifier la chaine.

Assurer un coût de l’énergie compétitif

Malgré la récente baisse des coûts de l’énergie, cette charge représente toujours un handicap réel à la compétitivité de nombreuses entreprises.

  • Définir un tarif industriel “Energie” et un cadre réglementaire stable pour garantir la compétitivité des entreprises wallonnes par rapport à leurs voisins et pour augmenter l’attractivité de la Wallonie.
  • Octroyer aux entreprises la totalité du montant prévu par les règles européennes de compensation des émissions indirectes pour 2019 et 2020.

[1] Il s’agirait d’encourager les sociétés bien portantes à accorder des délais de paiement allongés aux sociétés en difficulté. Passer par exemple de 30 à 90 jours pour régler leurs dépenses. En échange de ce rabiot de 60 jours, les premières obtiendraient un incitant fiscal, égal à ce qu’elles toucheraient pour prêter cet argent sur la même période. Cela ne coûterait quasi rien à l’État et cela pourrait sauver une grande partie des entreprises actuellement sur le fil du rasoir. Outre l’avantage fiscal, les entreprises saines y gagneraient aussi sur deux autres plans: elles contribueraient au maintien de clients solvables et elles renforceraient leur loyauté envers elles. [Source : www.lecho.be]


2. Compétences et (ré)orientations à CT

La crise du Coronavirus risque, si on ne fait rien, de laisser des séquelles durables sur l’emploi et un accroissement du chômage est attendu. Ceci ne doit pas être une fatalité. L’impact de la crise varie en fonction de l’activité économique, de la filière, de l’entreprise. Les opérateurs de l’emploi et de la formation doivent donc faire preuve d’agilité pour orienter et former les personnes arrivant sur le marché de l’emploi, afin de les réinsérer rapidement sur le marché du travail en misant sur les filières et fonctions porteuses.

Majorer les aides à l’emploi et à la formation

Afin d’assurer la survie des entreprises, et en attendant la mise en œuvre (en discussion) de la réforme des aides à l’emploi et à la formation, il est indispensable de booster les dispositifs actuels. Suivant l’analyse des possibilités au niveau des règles budgétaires, il est pertinent d’utiliser le budget qui n’est pas consommé à cause du ralentissement de l’économie en doublant les montants prévus pour chacune des aides. De plus, il faut suivre l’exemple de la Communauté germanophone  et non seulement majorer les montants mais octroyer une prolongation de 6 mois dans la durée des aides. Il ne faut pas perdre de vue que les emplois concernés par ces aides sont justement ceux de publics-cibles précaires sur le marché du travail (jeunes, travailleurs plus âgés, personnes peu qualifiées), ou venant d’employeurs qui embauchent leurs premiers salariés.

Mieux orienter

Le Forem doit mobiliser les ressources dont il dispose afin d’orienter rapidement les demandeurs d’emploi vers les fonctions et filières porteuses.

Le Forem dispose de nombreux points et actions d’information (essais métiers, mardi de l’avenir, etc.) par le biais de ses centres, des centres de compétences, des carrefours emploi-formation et de son réseau de partenaires marchands et non-marchands. Les demandeurs d’emploi doivent directement être pris en charge et informés des filières et fonctions porteuses et des formations menant vers ces offres. Une mobilisation ciblée de ces dispositifs en présentiel et en virtuel est primordiale avec une jonction rapide vers les dispositifs de screening adaptés aux métiers (bilans de compétences, tests sur les savoir-faire comportementaux, titres de compétences, etc.).

L’UWE prône la mise en place d’une collaboration effective entre les cellules de reconversion et les opérateurs de formation (centres de compétences et opérateurs privés). Cette collaboration pourrait revêtir différentes formes en fonction des spécificités de la cellule, des profils des travailleurs et des missions de l’opérateur : soutien à l’orientation (ex. essai métier, mardi de l’avenir), reconnaissance des compétences (centres agréés pour la validation des compétences). Cela permettrait de diriger les personnes vers les formations adéquates eu égard à leur profil, à leur projet individuel et aux besoins du bassin socio-économique.

Mieux former

Les objectifs sont ambitieux. Le gouvernement fédéral, dans son troisième volet du plan fédéral de protection sociale et économique, préconise 2 jours de formation par mois pour les personnes en chômage « corona ». En partant de l’estimation de 150.000 déclarations pour chômage temporaire en juin 2020, cela représenterait 300.000 jours de formation et cela sans compter le flux des demandeurs d’emplois estimé à 206.771 en mai 2020 (chiffre de la Banque Nationale de Belgique).

Dans un contexte économique concurrentiel, l’UWE plaide pour que l’allocation du budget Forem soit consacrée à un plan de formation pour le second semestre 2020. Ce plan doit garantir le maintien de l’affectation de ces moyens à un effort supplémentaire de formation des salariés et des demandeurs d’emploi, en veillant impérativement à ce que l’orientation du budget formation soit ciblée vers les besoins immédiats et ainsi allouer aux  centres de compétences, opérateurs privés, etc. les moyens nécessaires pour répondre à l’urgence socio-économique. Le demandeur d’emploi doit pouvoir rapidement avoir accès à la formation. Un engagement du Forem  à allouer les moyens sur un plan de formation agile, rapidement mobilisable et répondant aux besoins immédiats est donc nécessaire (mobilisation de l’offre de formation du Forem, des centres de compétences et sous-traitance aux opérateurs privés).

Le digital au cœur de la montée en compétence

La crise sanitaire et le confinement ont exacerbé les constats existants sur la fracture numérique dans ses aspects socioéconomiques (cf. étude Be the Change). Parallèlement, le digital s’est montré un vecteur de maintien et de déploiements des activités dans un contexte jusque-là jamais rencontré. Les entreprises ont dû accélérer la digitalisation de leur mode d’organisation, de production, de communication, de service et de management.

Les opérateurs de formation et d’enseignement quant à eux ont dû rapidement s’adapter afin de proposer des modes d’acquisition des compétences dans un contexte d’urgence.

A cet égard, l’UWE plaide pour :

  • Un accès gratuit et accessible à tous (demandeurs d’emploi et travailleurs) durant la période d’été à un catalogue élargi de formations digitales incluant les nouveaux modes d’apprentissages et mettant à contribution les opérateurs de la formation pour adultes (y compris établissements d’enseignement supérieur et opérateurs de formation wallons).
  • Une reconnaissance rapide et simplifiée des modules dispensés en e-learning de tous les modèles préalablement reconnus en présentiel, et ce pour la seule durée de la crise Corona, afin de permettre la poursuite des formations et la continuité des dispositifs (chèques-formation, crédit-adaptation, congé-éducation payé, …).


3. Relance des projets de recherche et projets spécifiques Covid

Dans le contexte actuel, une relance rapide des programmes de recherche est nécessaire afin de permettre la poursuite de la dynamique d’innovation en Wallonie et de permettre à la Région de conserver ses avantages comparatifs en matière de R&D et d’innovation, singulièrement dans ses activités stratégiques. Pour ce faire, quelques préalables sont d’importance :

Simplifier et flexibiliser

L’UWE propose de simplifier et d’automatiser les demandes d’extension de projets R&D sans coût supplémentaire, et d’accorder de la flexibilité dans les reportings financiers concernant les aides reçues. Une plus grande flexibilité dans la réorientation des projets en cours est également nécessaire compte tenu du contexte.

Accorder des aides directes

L’UWE propose d’accorder des aides directes à la relance de la R&D, qu’elles soient liées ou non à des projets actuellement financés par la Région ou l’Europe, afin de réamorcer rapidement les processus de R&D au sein des entreprises. Ceci permettrait également de relancer certains projets de recherche qui, une fois interrompus, doivent être recommencés à zéro. Le risque de voir des projets de recherche wallons redémarrer à l’étranger est réel.


4. Exportations

Mettre rapidement en œuvre le « passexport »

Prévue dans la DPR 2019-2024 (page 35), la mise en place d’un « passexport » permettrait aux entreprises bénéficiant d’un potentiel à l’exportation plus élevé de bénéficier d’un « fast-track » dans l’analyse de leur dossier sans pénaliser l’avancement des autres dossiers. Cette mesure pourrait être renforcée au travers d’un focus particulier sur les PME et d’une approche sectorielle axée sur les forces économiques de la région.

Cette mesure pourrait être concrétisée à court terme, dans le cadre du renforcement des aides aux entreprises exportatrices :

  • Engagement de collaborateurs dédiés à l’export.
  • Engagement de stagiaires dans le cadre d’un renforcement du Programme Explort.

Renforcer les mécanismes SOFINEX

Comme l’UWE le constatait déjà dans son Heptathlon 2024, les outils de la Sofinex ont montré toute leur efficacité, et il est donc nécessaire de réalimenter les lignes budgétaires afin de renforcer le dispositif et d’informer plus largement les entreprises de cet outil. Une plus grande synergie avec les mécanismes fédéraux en renforcerait également la portée économique.

Relancer rapidement les actions de l’AWEX dans une approche sectorielle

Afin de relancer au plus vite les démarches d’exportation des entreprises, une relance rapide des actions de l’AWEX est nécessaire, au travers d’une orientation sectorielle forte, plutôt que géographique. Un renforcement du pool d’experts sectoriels à l’AWEX est donc nécessaire, et doit être articulé avec la réalité de la structure économique de la Région, avec la garantie d’une concertation efficace avec les fédérations sectorielles concernées.

De plus, contrairement aux grandes entreprises qui disposent souvent des ressources nécessaires, les PME ont généralement besoin d’être soutenues et accompagnées dans leurs démarches d’exportation. Ceci pourrait se faire via le mécanisme des Chèques Entreprises ou via les CCI, dans le cadre d’une approche sectorielle pertinente. Un focus sur les opportunités offertes par l’e-commerce serait par ailleurs pertinent.

Relancer rapidement les missions économiques

Bien que le contexte soit encore fort incertain, une relance rapide de la dynamique positive insufflée par les missions économiques est nécessaire. Une présence plus importante de représentants officiels (notamment les ministres régionaux et fédéraux, …) dans les salons, couplée à des visites des clients clés de nos entreprises exportatrices ou encore à la visite de quartiers généraux d’entreprises ayant investi en Wallonie, en maximiserait les retombées économiques.

Appréhender les accords commerciaux comme des opportunités

Des accords commerciaux équilibrés sont de véritables opportunités de croissance pour les exportations régionales dans leur ensemble. Une petite économie ouverte, comme l’est la Wallonie, souffrirait singulièrement d’un renforcement des tendances protectionnistes (également pressenties au sein du marché unique). Une attitude ouverte et constructive de la Wallonie par rapport aux accords commerciaux actuellement négociés par l’Union européenne est donc une nécessité.

5. Numérique

Consolider les réseaux Télécoms et sortir de l’enlisement sur la 5G

La crise du Covid-19 n’étant pas terminée, le travail à distance doit rester privilégié lorsqu’il peut être appliqué, afin de limiter les risques de contagion. Le maintien d’une connexion de qualité constitue dès lors le squelette de la continuité des activités et la consolidation des réseaux télécoms, condition sine qua non à la reprise économique. La crise ne doit pas occulter la nécessité absolue de mettre en œuvre les innovations technologiques nécessaires en matière de connectivité.

L’UWE demande dès lors d’améliorer/consolider la qualité des réseaux fixes, d’accélérer la constitution du groupe d’experts en matière de 5G, de permettre le développement de projets pilotes à l’échelle locale et d’informer les citoyens de façon rationnelle via une campagne de fact checking contre les fake news.

Accompagner la digitalisation et assurer la cybersécurité des entreprises wallonnes

La crise du Covid-19 a accéléré de façon importante la digitalisation des entreprises wallonnes et les a rendues plus que jamais dépendantes des pratiques et des infrastructures numériques. Si elle a permis une continuité économique salutaire, cette digitalisation forcée s’est malheureusement également accompagnée d’une recrudescence des cyberattaques et a mis en lumière la nécessité d’accompagner les dirigeants d’entreprises et les collaborateurs dans ces nouvelles façons de travailler à distance.

Cette mesure vise à accompagner les entreprises dans leur digitalisation en menant une campagne d’audit/évaluation de la maturité numérique, d’information et de conseil pour soutenir les pratiques de NWOW (New Ways Of Working) et prévenir les entreprises des menaces de cybersécurité. Ces actions peuvent s’appuyer sur les dispositifs existants, notamment les chèques maturité numérique et cybersécurité mis en place en Wallonie.

S’aider des technologies numériques pour empêcher la résurgence du virus sars-cov-2

Même si les indicateurs hospitaliers et sanitaires actuels sont positifs, il faut profiter des semaines qui viennent pour tirer les leçons de la crise et permettre une reprise des activités économiques sûre et efficace.

L’UWE demande la mise sur pied d’un groupe de travail qui coordonnerait un plan d’action intégrant au maximum les outils digitaux pour tenter d’éviter (et contrôler au mieux) un éventuel rebond épidémique qui bloquerait les entreprises dans leur reprise. Ce groupe de travail étudierait les solutions et moyens à mettre en œuvre rapidement (i.e. avant l’automne) au niveau par exemple du déploiement d’une application de tracing des contacts mais aussi de la gestion des stocks (masques, respirateurs, équipements, …), ou de la mise en réseau des systèmes hospitaliers afin de permettre un meilleur échange d’informations.

L’e-commerce comme moteur de résilience et de relance du retail

La crise du Covid-19 a eu un fort impact sur le comportement d’achat des Belges : le nombre de first-time online buyers a augmenté dans toutes les catégories d’âge et pour quasiment tous les groupes de produits, et 30% des consommateurs disent qu’ils achèteront davantage en ligne à l’avenir. En parallèle, de nombreuses études prévoient une vague de faillites de commerces et d’entreprises ayant un lien direct avec la crise sanitaire.

Nous préconisons la mise en place rapide d’un dispositif d’accompagnement des entreprises de retail wallonnes pour leur permettre d’analyser les attentes réelles de leurs clients, les objectifs à se fixer et la stratégie à déployer (phygital, omnicanal, …) afin de saisir toutes les opportunités de l’e-commerce et de compenser les diminutions d’achats en magasin physique.


6. Stimulation de la demande au bénéfice de l’activité wallonne

Promouvoir les atouts de la Wallonie et de ses entreprises

Afin de soutenir la reprise de nombreux acteurs et secteurs économiques, il est notamment nécessaire de leur donner une visibilité forte. L’UWE propose de mener rapidement et de manière répétée une campagne mettant en avant nos atouts économiques, touristiques, culturels, … Cette campagne doit avoir une portée tant au sein de nos frontières régionales qu’à l‘extérieur de celles-ci. L’objectif est de rendre confiance et de valoriser nos savoir-faire. Cette mesure nécessitera un travail en commun des acteurs pour identifier les priorités et les cibles privilégiées. Il s’agira de coordonner ces acteurs pour mutualiser les efforts et les budgets, et dès lors améliorer l’efficience de la campagne.

Libérer rapidement des budgets pour lancer des chantiers prioritaires

Le Gouvernement Wallon a validé un Plan Infrastructures 2020-2025 et identifié la liste des travaux qui seront réalisés dans ce cadre. Pour l’UWE, il est à présent impératif de lancer les premiers travaux de ce Plan très rapidement. Un montant de 50 millions € portant sur des chantiers dont la finalité est d’améliorer la desserte de l’activité économique et qui sont techniquement prêts devrait être rapidement mobilisé.

Miser sur les investissements des entreprises

Les investissements des entreprises sont un élément clé de la reprise économique. Ils témoignent d’une volonté d’amélioration de la performance et/ou de développement mais chaque fois d’une inscription dans un projet d’avenir. Ils doivent dès lors être relancés. Pour ce faire, l’UWE demande que soient relevées temporairement les primes à l’investissement des entreprises et que soit accéléré le traitement de ces dossiers.


7. Relation Entreprise / Administration

De « l’agent traitant » à « l’account manager »

L’administration doit s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue et s’évaluer. Un pas important a été réalisé avec le premier rapport RSE du SPW, publié début 2020. Celui-ci place l’usager et la résilience au cœur de ses priorités.

L’UWE propose de modifier l’approche des agents des services publics dans l’instruction des dossiers afin de l’orienter vers la fonctiond’« Account managers ». L’objectif est d’aboutir à un dialogue constructif entre l’account manager et l’entreprise, de sorte que l’entreprise se sente soutenue dans son projet (qu’il s’agisse de s’implanter en Wallonie, de poursuivre ou développer son activité, d’étendre ses installations, d’innover, de solliciter une aide à la recherche, etc.). L’account manager ne doit pas forcément être le même pour l’ensemble des thématiques, mais il faut que chaque intervenant de l’Administration, qui est amené à entrer en contact avec l’entreprise, puisse trouver l’ensemble de l’information qui la concerne (principe du « only once » qui fera gagner du temps de part et d’autre) et qu’il acquière une connaissance suffisante du monde de l’entreprise, outre la connaissance spécifique et technique qu’il doit avoir du dossier. Pour améliorer la connaissance réciproque, l’UWE propose de réitérer les échanges entre fonctionnaires et responsables d’entreprises. Ceci pourrait se faire par le biais de stages, d(’)e (in)formations (dispensées par les secteurs ou par l’UWE) de nature sectorielle (par exemple) qui peuvent très rapidement être mises en place sur des thèmes intéressant particulièrement un secteur, ou plus transversaux (échanges globaux sur la politique économique, les exportations et ce que cela implique, les chaînes de valeur présentes en Wallonie, les contraintes de la vie d’une entreprise, etc.)

Recourir à des « Administrative angels »

Bien qu’efficaces et réellement désireux de faire avancer les choses, on constate régulièrement que certains services administratifs ne peuvent répondre aux sollicitations des entreprises dans les courts délais qu’exige l’environnement économique. Nous proposons 2 mesures pour résoudre les goulots d’étranglement :

  • Mettre en place une procédure accélérée sur base volontaire pour flexibiliser la répartition des agents traitants au sein du SPW lorsqu’un surcroît de travail se présente ;
  • Créer le concept d’« administrative angels» pour résorber les goulots d’étranglement identifiés : sur la base de « business angels » qui sont des investisseurs « providentiels », les agents traitants pourraient se faire aider de personnes immédiatement efficaces et maîtrisant les dossiers (avocats, fiscalistes, spécialistes de bureaux d’étude, etc.), de manière extrêmement ponctuelle et limitée dans le temps, les fonctionnaires restant bien entendu les maîtres d’œuvre. Le recours à ces « administrative angels » pourrait se faire rapidement à l’aide d’une charte qui baliserait la manière dont l’aide attendue doit être apportée.

Installer le numérique dans les pratiques courantes de l’administration

L’UWE insiste pour que l’on rende la « CIO Team » le plus rapidement possible opérationnelle au sein du SPW. Améliorer et fluidifier le fonctionnement des administrations est indispensable afin de poursuivre les activités de manière numérique, spécifiquement en cas de crise.

Fluidifier les processus administratifs et de paiements

Une grande rapidité dans le traitement des demandes d’aide (notamment les aides à l’investissement), une accélération des délais de paiement et un apurement rapide des arriérés seront essentiels. Un allègement des charges administratives sera également nécessaire, par exemple au niveau du permis d’environnement.

Etablir une procédure simplifiée de modification de permis pour les cas d’urgence

La flexibilité de nos moyens de production doit être mieux utilisée. En cas de crise comme celle du COVID, il faut prévoir un allégement de la procédure d’instruction des permis pour permettre de réorienter la fabrication vers du matériel de première urgence. Une modification du décret « permis d’environnement » peut être très vite adoptée dans ce sens. Cela pourrait constituer un des aspects de la « tool box » à mettre en place pour nous prémunir d’une crise similaire.

Prolonger d’un an la durée des permis arrivant à échéance en 2020

Cette mesure permettrait à toutes les entreprises concernées (classe 1 ou 2) de se focaliser sur la sortie de crise pour remettre leur activité à flot, sans que cela nuise à la protection de l’environnement, puisque toutes les conditions d’exploiter sont maintenues.


8. Demandes spécifiques au Gouvernement fédéral

Au delà des mesures listées dans cette note, l’UWE demande à la FEB de porter au niveau du Gouvernement fédéral les mesures suivantes, et demande au Gouvernement wallon de les soutenir auprès du Gouvernement fédéral :

  • L’allongement du chômage temporaire pour force majeure jusqu’au 31 décembre 2020, pour les entreprises ayant utilisé le système pendant la crise Covid-19.

Il s’agit d’une matière fédérale, à négocier au sein du Groupe des dix. L’allongement du chômage temporaire pour force majeure « Coronavirus » au-delà du 31 août ne doit pas être conditionné aux secteurs qui rencontrent le plus de difficultés. D’une part, il est complexe de définir des critères objectifs pour délimiter le champ d’application, d’autre part ce système mettrait à mal le principe d’égalité défini dans notre Constitution, étant donné que ce sont toutes nos entreprises et notre économie qui sont impactées par cette crise. On peut citer l’exemple des difficultés rencontrées lors de l’octroi de la prime wallonne de 5000€, sujet de nombreuses frustrations, incompréhensions. Pour limiter l’impact budgétaire et éviter d’éventuels abus, l’UWE préconise de n’autoriser ce chômage temporaire pour force majeure qu’aux entreprises ayant déjà utilisé le système pendant la crise Covid-19.

  • Assouplissement de la réglementation concernant les heures supplémentaires et mesure permettant aux entreprises de faire face aux pics et aux creux d’activité

L’UWE prône une prolongation et une extension de la mesure Covid-19 à l’ensemble des secteurs d’activités, à savoir l’augmentation du plafond d’heures supplémentaires porté à 220h jusqu’au 30 juin 2020 pour les secteurs critiques. Cette mesure doit être prolongée jusqu’au rétablissement d’une situation économique normale. L’UWE souhaite également une harmonisation de la réglementation (grande complexité pour les entreprises) et une augmentation de la liste des secteurs pouvant bénéficier du régime dérogatoire des heures supplémentaires. Ces heures supplémentaires étant du « brut-net », elles bénéficient tant à l’employeur qu’au travailleur.

Face à la crise économique liée au Coronavirus, nous devons permettre aux entreprises d’affronter les pics d’activité, d’assurer leur relance. L’UWE est favorable à une annualisation temporaire de la durée du travail jusqu’en juillet 2021 afin de répondre aux besoins des entreprises. Un étalement de la durée du travail permettrait de combler les périodes creuses par les périodes de pics d’activité, et d’assurer un salaire stable et un horaire allégé pour les travailleurs durant les périodes de creux. L’UWE a bien conscience des différences réglementaires existant suivant les secteurs, ainsi que de la diversité des besoins, c’est pourquoi les solutions devraient être négociées au sein des secteurs.

  • Ajout d’un crédit temps pour motif « Coronavirus »

À partir de 2017, toute demande de crédit-temps, pour être acceptée, doit être dûment motivée. Les motifs possibles de crédit temps sont expressément prévus dans la réglementation (CCT n°103 et 103 ter). Face à la crise sanitaire du Covid-19, il serait opportun d’ajouter un motif de crédit temps au sein des CTT pour le motif « Covid -19 ». Ce motif pourrait être considéré comme acceptable (pour démarrer un crédit temps) pour une période déterminée, par exemple jusque fin 2022. Cette modification permettra aux personnes touchées de près par la crise sanitaire de bénéficier d’un crédit temps, sauvant des emplois pour d’autres travailleurs.

  • Mettre en œuvre de nouvelles réductions ciblées de TVA portant notamment sur la construction de bâtiments neufs, la rénovation des bâtiments, les matériaux de construction, certains produits alimentaires, etc. Ces réductions doivent être pensées pour relancer la consommation intérieure et bénéficier à nos entreprises ;
  • Permettre aux entreprises de payer la TVA à partir du moment où elles sont effectivement payées par leurs clients ;
  • Augmenter le salaire net des bas revenus afin de stimuler la consommation (en évitant de renforcer les pièges à l’emploi) ;
  • Poursuivre la flexibilité dans le paiement des charges fiscales et sociales.


9. Développement d’un kit de crise

L’UWE demande que le Gouvernement wallon se penche très rapidement sur la réalisation d’un kit de crise qui devra permettre, en cas de nouvelle pandémie, d’être préparés pour l’affronter et dès lors d’en diminuer l’impact sur l’activité économique, l’emploi et la demande intérieure.

Ce kit devrait permettre d’appréhender les questions suivantes :

  • Que devons-nous prévoir au cas où nous devrions faire face à une nouvelle période de crise ?
  • De quels stocks devons-nous disposer ?
  • De quels outils législatifs avons-nous besoin ?
  • Que devons-nous éviter ?
  • Que devons-nous anticiper/préparer ?
  • Quelles ont été les bonnes pratiques développées durant la crise ?

Ce kit doit conduire à prévoir par exemple des stocks de masques et de gel, la liste des circulaires administratives et des accords sectoriels spécifiques à relancer, les mesures d’aide les plus pertinentes à retenir, des mesures de confinement plus ciblées à mettre en place sur base des enseignements de la première crise, etc.

35 mesures de court terme en préparation d’un Plan de Redéploiement